L'économie de la connaissance : analyser et valoriser les compétences de la communauté camerounaise pour un impact collectif

 


            Une observation frappante, presque évidente, est la forte proportion d'étudiants au sein de la communauté camerounaise. Selon les statistiques du ministère de l’Instruction et du Mérite, italien, en Italie, les étudiants universitaires africains, représentent une part importante dans la population estudiantine des étrangers en Italie. Environ 25% des étudiants étrangers en Italie sont originaire d’Afrique. Parmi lesquels les Camerounais. Il est important de noter qu’environ 70% des Camerounais qui résident en Italie possèdent un visa de type D, c’est-à-dire pour motif d’étude. Les résultats observés sur notre échantillon de 60 individus confirment cette statistique, plus de 70% de ceux qui ont répondu au questionnaire déclare être étudiant ou avoir terminé un parcours universitaire.

 Bien que cette constatation ne repose pas sur une étude scientifique, elle relève d'une évidence intuitive et sur la base des données collectées principalement dans la ville de Modène, nous invite à une réflexion profonde : comment utilisons-nous les connaissances générées au sein de notre communauté ? Plus précisément, si l'économie de la connaissance s'intéresse à la création et à la gestion des savoirs pour favoriser la croissance économique, le développement et la compétitivité, il est légitime de se demander : comment exploiter efficacement les compétences et les savoirs accumulés au fil du temps dans notre communauté ?

 En tant qu'Africains, nous sommes convaincus qu'il est grand temps de démontrer au monde notre potentiel et nos capacités. Les prouesses africaines à l’échelle mondiale témoignent de ce dynamisme. Par conséquent, le problème n'est pas le manque de savoir, mais plutôt une gestion inefficace de ces savoirs. Nous éprouvons encore des difficultés à coordonner et à valoriser les connaissances dispersées au sein de nos communautés.

Notre petite enquête, a conduit à la confirmation de cette hypothèse, notre communauté dispose de plusieurs ressources intellectuelles qui méritent d’être exploité.

Répartition des compétences dominantes :

            Nous avons observé que, 28% des participants à l’enquête ont déclaré de poursuivre ou d’avoir terminé un parcours en Ingénierie. Et c’est le domaine le plus représenté. Cela reflète un intérêt marqué pour les disciplines techniques et scientifiques. Il est très important de noter que dans cette catégorie on retrouve plusieurs backgrounds ; Ingénierie informatique, Mécanique, de Gestion, des matériaux, de la construction etc. Ces compétences peuvent être exploitées pour développer des solutions technologiques adaptées aux besoins locaux, aussi bien en Afrique qu’en Italie. Les Sciences économiques et statistiques représentent 22%, on retrouve dans cette catégorie, les économistes, les comptables, les data annalistes, les Data scientists. Ce domaine est stratégique pour l’analyse, la gestion et la planification du développement économique. Ces compétences sont cruciales pour des initiatives entrepreneuriales ou des politiques de développement durable. On sait tous que la gestion des ressources et l’innovation sont importés mais n’ont aucune valeur si la santé ne suit pas, c’est pourquoi dans le domaine de la Santé, 20% déclarent étudier ou avoir étudié dans ce domaine, nous avons mis ensemble Médecins, Infirmier, Pharmaciens, et autres opérateurs du domaine de la santé peu connu comme les opérateurs socio sanitaire (OSS). La santé est un secteur clé, surtout pour répondre aux défis en Afrique et même communautaires, beaucoup de membre de la communauté sont hors couverture santé. Les connaissances dans ce domaine pourraient aider à renforcer les systèmes de santé locaux.

Représentation des niches

La Biotechnologie représente les 8% de notre échantillon.  Bien que relativement faible, ce domaine est très prometteur, on retrouve ici la biotechnologie industrielle, médicale et autres applications. Il pourrait contribuer à des secteurs tels que l’agriculture, la médecine et l’innovation scientifique. Les Sciences humaines comptent pour 7% des participants, ici on compte avec les historiens, les relations internationales et diplomatiques, les sciences politiques, anthropologiques, sociologiques etc. notre communauté dispose même de philosophes. Ces compétences peuvent aider à renforcer la compréhension des dynamiques sociales et culturelles, ainsi que les initiatives communautaires.

Faible représentation :

Les domaines comme la psychologie avec 2%, la restauration (2%), et les beaux-arts (3%) sont peu représentés. Pourtant, ces secteurs jouent un rôle important dans le bien-être et le développement communautaire. Et surtout dans la promotion et la valorisation de nos culcures.

Absence ou non-déclaration (3%) :

Certains individus n’ont déclaré aucune compétence spécifique. Cela peut indiquer un besoin de formation ou un manque de reconnaissance des compétences informelles, qui restent souvent sous-exploitées.

Sous la base de ces résultats, on ne peut que confirmer le dynamisme des Africains en général, et par conséquent nous restons persuadés que si les savoirs accumulés dans nos différentes communautés étaient mieux exploités, nous pourrions créer des communautés extraordinairement dynamiques. Par ailleurs, le transfert de technologies – sujet récurrent à la radio et à la télévision depuis notre enfance – repose largement sur le rôle des diasporas. Cette mission n’est pas individuelle, mais collective, et elle bénéficierait autant aux diasporas qu'aux communautés locales en Afrique.

        Dans un article publié le 22 novembre 2024, intitulé "Comprendre l'économie de la connaissance : une révolution silencieuse" (Lire l'article), nous avons présenté un aperçu de ce qu’est l’économie de la connaissance. Nous avons vu que cette branche des sciences économiques, se spécialise dans la création et la valorisation des savoirs, à partir du moment où la connaissance est utilisée comme facteur de production, ce type d’économie est souvent dite d’intarissable dans la mesure où une connaissance peut être transférée de façon illimité, la connaissance est ainsi qualifiée de facteur intangible ; ce qui n’est pas possible dans l’économie dite industrielle ou simplement une économie qui utilise des matières première tangibles.

 Dans cet article, nous souhaitons aller plus loin en explorant concrètement comment les savoirs se construisent dans notre environnement et en proposant des solutions pour leur valorisation. C'est en réunissant nos compétences et en les mettant au service d’un objectif commun que nous pourrons véritablement transformer le monde.

Interprétation des données issu du sondage    

            Le sondage avait principalement trois questions, à la première les participant devaient choisir leur profils entre étudiant, travailleur et Chômeur. Le but était d’identifier les différents profils qu’on peut retrouver au sein de la communauté. 

Comme nous pouvons le constater la plupart des participants sont étudiant, il est important de noter que la plupart des travailleurs sont des anciens étudiants, ceci nous emmène à confirmer le fait que la diaspora Camerounaise est composée à plus de 70% des étudiants selon les données officielles. En plus de la deuxième question qui nous renseignait sur les différentes filières fréquentées, la troisième est un indicateur important qui nous renseignait si le travailleur avait de l’expérience dans son domaine d’étude cette information, nous a permis d’évaluer le taux d’expertise au sein de la communauté. Sur les 14 travailleurs qui ont répondu à notre sondage 10 ont affirmé travailler dans leurs domaines d’étude, soit un peu plus de 71%. Cette donnée met en evidence le fait que notre communauté est très qualifiée. Ceci nous porte à la question centrale de cette réflexion, comment mettre tous ces savoirs au progrès communautaire ?

Les type de savoir

            Avant de répondre ou du moins de donner les éléments de réponse à la problématique posé, nous voulons vous faire noter qu’il existe principalement 2 types de savoir, les connaissances que nous qualifierons ici d’institutionnelles. Se sont les connaissances qui s’acquière si on peut le dire à l’école, à travers des recherches scientifiques, des livres, des documentaires etc. en suite vous avez des connaissances dites tacites qui s’apprennent comme pour parler comme le professeur Bahebeck à la maison. L’enseignant ici est la famille, la société, bref la culture. Tout processus d’innovation qui n’est pas fortement ancré dans la culture n’est que copie à notre sens.

              Lorsqu’on observe un pays comme le Cameroun, ce qui saute tout de suit aux yeux c’est sa diversité culturelle, pour rester dans le contexte disons c’est sa diversité de savoir tacite. Quand on regarde donc la structure sociale du Cameroun on comprend que le développement qu’on recherche ne peut pas se faire à la marge de cette évidence c’est-à-dire que on ne peut pas construire un modèle de développement uni-nationale, sinon le modèle serait adapté pour certain et pas pour les autres. Ceci est juste une parenthèse qui sera développé dans un autre travaille en cours.

              Revenons à nous, diaspora cette diversité culturelle dont fait montre le Cameroun se reflète également dans sa diaspora. Qui est composée à 70% des ressortissant de la région de l’ouest, et les reste des 30% constitue les autres cultures. Une fois de plus on peut remarquer que même en termes de savoir tacite, on en dispose énormément.  

Quelques pistes.

        Pour répondre à la problématique posée dans cette réflexion, nous pensons que ce mixte de connaissance pourrait être un véritable facteur de développement communautaire et par conséquent une véritable manne pour le transfert des technologies de l’occident vers l’Afrique. Mais à condition qu’on prenne conscience de cette réalité. Les Africains font de belle chose à travers le monde, mais ces réalisations auront plus d’impact si elles se faisaient en impliquent la communauté.

            Dans cet article, nous n’allons pas répondre explicitement à la problématique posée cela sera le cas dans le prochain article, mais tout de même nous vous donnons quelques pistes de comment on peut utiliser ces connaissances.

            Imaginons que vous êtes l’un des chômeurs du sondage à l’origine de ce texte, et vous n’avez pas une formation académique, mais une expérience professionnelle dans le lavage automobile, dans vos réflexions, comme il est de coutume lorsqu’on est au chômage, vous avez la brillante idée de lancer votre propre laverie, vous avez deux choix, soi vous lancez votre business à l’échelle communautaire, soit vous essayez de l’étendre à d’autres communauté, si vous avez la vision et vous rêvez grand, vendre vos services seulement aux autres Camerounais ne vous permettra jamais d’atteindre les résultats souhaités, il faut inclure d’autres communautés et pour ce faire il faut utiliser les ressources intellectuelles disponibles au sien de la communauté. Donc, il faut voir ces concitoyens comme des partenaires plutôt que comme des clients. C’est vrai nos clients peuvent en faire partie mais ne doivent pas être notre cible principale.

 

 

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